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Dans la lignée des grands bouleversements occasionnés
par la fermeture des cuves Soderberg en 2004 aux usines d'Alcan à
Arvida, Cerbères à l'horizon souligne et met en lumière certaines étapes
de l'industrialisation qui devaient transformer les ressources,
naturelles et humaines du Royaume, en montagne d'or et coulées de
profits.
La fourrure, le bois, la force de l'eau et une population coriace et
captive sont les courroies qui vont contribuer à la mise en place
d'empires industriels gigantesques et opportunistes.
Après avoir été vidé de ses trésors de fourrures pendant qu' il était un
territoire fermé, son ouverture va permettre les manœuvres pour mettre
la patte sur des forêts gigantesques et marquer le territoire par des
grands travaux d'aménagement pour maximiser la force de l'eau en pouvoir
hydraulique et hydroélectrique. Les territoires des premiers habitants
tombent dans le domaine privé à des conditions avantageuses et des
contraintes d'une souplesse navrante.
Attirés par la vigueur du saumon d'eau douce, éclaboussés par la
turbulence des méandres de nos cours d'eau, quelques grands capitaines
de l'industrie d'ailleurs viennent s'accaparer des trésors
incommensurables, sans avoir à payer le juste prix, ni retourner aux
ayants droits les redevances. Des usines de transformation énergivores
profitent du pactole et du laxisme des pouvoirs politiques.
Les parcours des Beemer, Duke, Price, Mellon, Davis et des lieutenants
d'ici Scott, Naud, Tachereau se conjuguent pour enfermer ce territoire
rempli d'essences, de saveurs et d'énergies dans des machines à leurs
profits où les voix de nos pères et mères étaient étouffées par le bruit
infernal des cadences.
Cerbères à l'horizon s'intéresse à aborder quelques aspects de
l'américanisation des ressources naturelles au Royaume du Saguenay Lac
St-Jean.
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Dans la même lignée que J'irai danser sur vos barrages, il prend pour
point de départ un évènement récent, le grand bouleversement annoncé par
la fermeture des salles de cuves Soderberg par la compagnie Alcan en
2004. En scrutant des aspects du processus d'industrialisation, il
permet d'en savoir plus sur le pouvoir de ces corporations, qui après
avoir fait bombance à mêmes nos richesses, décident de mettre la clef
dans la porte et d’aller ailleurs où leurs sont garanties d'autres
nouvelles ressources humaines et naturelles à bas prix, et ce, pour
continuer le cercle de l'exploitation.
Par l'utilisation de commentaires, de réflexions,
d'informations exprimés par des témoins, des moments importants de cette
implantation sont cernés. Des coins du pays intime de nos pères et mères
sont révélés pour témoigner de l'accompli et du subi.
Des noms sont mis sur ces grands ensembles qui coupent nos horizons pour
produire l'énergie qui fait tourner les machines: Ile Maligne,
Chute-à-Caron. Nous en apprenons un peu plus sur les Beemer, Duke,
Price, Mellon, Davis, Scott, Naud, Tachereau, en espérant, une prochaine
fois, arriver à mettre en lumière la liste de tous les travailleurs-euses
ayant contribué à la réalisation de ces grands monuments, signes et
témoins de leurs existences.
Avec la poésie de Georges Larouche, sensible aux transformations du
paysage, nous entendons la parole de tous nos pères et mères disparus
dans le silence sans qu'on ait pu entendre leurs commentaires, leurs
impressions, leurs témoignages, leurs critiques, leurs évaluations. Il
est l'un de nos témoins de cette époque quand la nature pouvait
s'exprimer sans contrainte et rester ouverte aux amoureux des espaces et
de la quiétude. Il nous fait comprendre l'ampleur des modifications de
ce paysage où se déversent, depuis plusieurs années, toutes sortes de
résidus.
Sans cerner tout le complexe de la situation de l'agriculture, de la
colonisation et de l'occupation du territoire, il nous esquisse le
portrait d'un territoire fermé où des colons, des bûcherons se virent
présenter l'illusion de l'enrichissement dans des usines de production
coupeuses d'espace et d'horizon.
Il permet de comprendre certains gestes. Il saisit un certain état du
Royaume lors des manœuvres qui permirent aux développeurs de
s'approprier des ressources sans vraiment payer le juste prix.
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